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sylvie
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MessageSujet: Re: Autres poémes   Autres poémes Icon_minitimeMar 20 Nov - 22:54

AUTRE POEMES



À M. Félix Guillemardet sur sa maladie 1837

Frère, le temps n’est plus où j’écoutais mon âme
Se plaindre et soupirer comme une faible femme
Qui de sa propre voix soi-même s’attendrit,
Où par des chants de deuil ma lyre intérieure
Allait multipliant, comme un écho qui pleure,
Les angoisses d’un seul esprit.

Dans l’être universel au lieu de me répandre,
Pour tout sentir en lui, tout souffrir, tout comprendre,
Je resserrais en moi l’univers amoindri?;
Dans l’égoïsme étroit d’une fausse pensée
La douleur, en moi seul par l’orgueil condensée,
Ne jetait à Dieu que mon cri.

Ma personnalité remplissait la nature?:
On eût dit qu’avant elle aucune créature
N’avait vécu, souffert, aimé, perdu, gémi?:
Que j’étais à moi seul le mot du grand mystère,
Et que toute pitié du ciel et de la terre
Dût rayonner sur ma fourmi?!

Pardonnez-moi, mon Dieu?! tout homme ainsi commence.
Le retentissement universel, immense,
Ne fait vibrer d’abord que ce qui sent en lui?;
De son être souffrant l’impression profonde,
Dans sa neuve énergie, absorbe en lui le monde
Et lui cache les maux d’autrui.

Comme Pygmalion contemplait sa statue
Et promenant sa main sous sa mamelle nue
Pour savoir si ce marbre enferme un coeur humain,
L’humanité pour lui n’est qu’un bloc sympathique
Qui, comme la Vénus du statuaire antique
Ne palpite que sous sa main.

Ô honte?! ô repentir?! quoi?! cet être éphémère,
Qui gémit en sortant du ventre de sa mère,
Croirait tout étouffer sous le bruit d’un seul coeur??
Hâtons-nous d’expier cette erreur d’un insecte,
Et, pour que Dieu l’écoute et l’ange le respecte,
Perdons nos voix dans le grand choeur?!

Jeune, j’ai partagé le délire et la faute,
J’ai crié ma misère, hélas?! à voix trop haute?:
Mon âme s’est brisée avec son propre cri?!
De l’univers sensible atome insaisissable,
Devant le grand soleil j’ai mis mon grain de sable,
Croyant mettre un monde à l’abri.

Puis mon coeur, moins sensible à ses propres misères,
S’est élargi plus tard aux douleurs de mes frères?;
Tous leurs maux ont coulé dans le lac de mes pleurs,
Et, comme un grand linceul que la pitié déroule,
L’âme d’un seul, ouverte aux plaintes de la foule,
A gémi toutes les douleurs.

Alors dans le grand tout mon âme répandue
A fondu, faible goutte au sein des mers perdue
Que roule l’Océan, insensible fardeau,
Mais où l’impulsion sereine ou convulsive,
Qui de l’abîme entier de vague en vague arrive,
Palpite dans la goutte d’eau.

Alors, par la vertu, la pitié m’a fait homme?;
J’ai conçu la douleur du nom dont on le nomme,
J’ai sué sa sueur et j’ai saigné son sang?
Passé, présent, futur, ont frémi sur ma fibre,
Comme vient retentir le moindre son qui vibre
Sur un métal retentissant.

Alors j’ai bien compris par quel divin mystère
Un seul coeur incarnait tous les maux de la terre,
Et comment, d’une croix jusqu’à l’éternité,
Du cri du Golgotha la tristesse infinie
Avait pu contenir seule assez d’agonie
Pour exprimer l’humanité?!

Alors j’ai partagé, bien avant ma naissance,
Ce pénible travail de sa lente croissance
Par qui sous le soleil grandit l’esprit humain,
Semblable au rude effort du sculpteur sur la pierre,
Qui mutile cent fois le bloc dans la carrière
Avant qu’il vive sous sa main.

Saint-Point, 15 septembre 1837.
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MessageSujet: Re: Autres poémes   Autres poémes Icon_minitimeMar 20 Nov - 22:54

madame Desbordes-Valmore


Souvent sur les mers où se joue
La tempête aux ailes de feu,
Je voyais passer sur ma proue
Le haut mât que le vent secoue,
Et pour qui la vague est un jeu !

Ses voiles ouvertes et pleines
Aspiraient le souffle des flots,
Et ses vigoureuses antennes
Balançaient sur les vertes plaines
Ses ponts chargés de matelots.

La lame en vain dans la carrière
Battait en grondant ses sabords.
Il la renvoyait en poussière,
Comme un coursier sème en arrière
La blanche écume de son mors!

Longue course à l’heureux navire !
Disais-je ; en trois bonds il a fui !
La vaste mer est son empire,
Son horizon n’a que sourire,
Et l’univers est devant lui !

Mais, d’une humble voile sur l’onde,
Si je distinguais la blancheur,
Esquif que chaque lame inonde,
Seule demeure qu’ait au monde
Le foyer flottant du pécheur ;

Lorsqu’au soir sur la vague brune,
La suivant du coeur et de l’oeil,
Je m’attachais à sa fortune,
Et priais les vents et la lune
De la défendre de l’écueil ;

Sous une voile dont l’orage
En lambeaux déroulait les plis,
Je voyais le frêle équipage
Disputer son mât qui surnage
Aux coups des vents et du roulis.

Debout, le père de famille
Labourait les flots divisés ;
Le fils manoeuvrait, et la fille
Recousait avec son aiguille
La voile ou les filets usés.

Des enfants, accroupis sur l’âtre,
Soufflaient la cendre du matin,
Et déjà la flamme bleuâtre
Égayait le couple folâtre
De l’espoir d’un frugal festin.

Appuyée au mât qui chancelle,
Et que sa main tient embrassé,
La mère les couvait de l’aile,
Et suspendait à sa mamelle
Le plus jeune à son cou bercé.

Ils n’ont, disais-je, dans la vie
Que cette tente et ces trésors ;
Ces trois planches sont leur patrie,
Et cette terre en vain chérie
Les repousse de tous ses bords !

En vain de palais et d’ombrage
Ce golfe immense est couronné.
Ils n’ont pour tenir au rivage
Que l’anneau, rongé par l’orage,
De quelque môle abandonné !

Ils n’ont pour fortune et pour joie
Que les refrains de leurs couplets,
L’ombre que la voile déploie,
La brise que Dieu leur envoie,
Et ce qui tombe des filets !

Cette pauvre barque, ô Valmore,
Est l’image de ton destin.
La vague, d’aurore en aurore,
Comme elle te ballotte encore
Sur un océan incertain !

Tu ne bâtis ton nid d’argile
Que sous le toit du passager,
Et, comme l’oiseau sans asile,
Tu vas glanant de ville en ville
Les miettes du pain étranger.

Ta voix enseigne avec tristesse
Des airs de fête à tes petits,
Pour qu’attendri de leur faiblesse,
L’oiseleur les épargne, et laisse
Grandir leurs plumes dans les nids !

Mais l’oiseau que ta voix imite
T’a prêté sa plainte et ses chants,
Et plus le vent du nord agite
La branche où ton malheur s’abrite,
Plus ton âme a des cris touchants !

Du poète c’est le mystère :
Le luthier qui crée une voix
Jette son instrument à terre,
Foule aux pieds, brise comme un verre
L’oeuvre chantante de ses doigts ;

Puis, d’une main que l’art inspire,
Rajustant ces fragments meurtris,
Réveille le son et l’admire,
Et trouve une voix à sa lyre
Plus sonore dans ses débris ! . . .

Ainsi le coeur n’a de murmures
Que brisé sous les pieds du sort !
L’âme chante dans les tortures,
Et chacune de ses blessures
Lui donne un plus sublime accord !

Sur la lyre où ton front s’appuie
Laisse donc résonner tes pleurs !
L’avenir, du barde est la vie,
Et les pleurs que la gloire essuie
Sont le seul baume à ses douleurs !
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MessageSujet: Re: Autres poémes   Autres poémes Icon_minitimeMar 20 Nov - 22:55

Poèmes Des Voyages en Orient.


Vers pour Melle Malagamba

Fontaine au bleu miroir, quand sur ton vert rivage
La rêveuse Lilla dans l'ombre vient s'asseoir,
Et sur tes flots penchée y jette son image,
Comme au golfe immobile une étoile du soir,

D'un mobile frisson tes flots dormants se plissent,
On n'en voit plus le fond de sable ou de roseaux ;
Mais de charme et de jour tes ondes se remplissent,
Et l'oeil ne cherche plus son ciel que dans tes eaux !

Tu n'es plus qu'un reflet de ravissantes choses,
Yeux bleus comme ces fleurs qui bordent ton bassin,
Dents de nacre riant entre des lèvres roses,
Globes qu'un souffle pur soulève avec le sein,

Cheveux nattés de fleurs et que leur poids fait pendre,
Anneaux qui de ses doigts relèvent le carmin,
Perles brillant sous l'onde et que l'on croit y prendre,
Comme son sable d'or, en y plongeant la main.

Ma main s'étend sur toi, source où cette ombre nage,
De peur que par le vent tout ne soit effacé ;
Et mes lèvres voudraient, jalouses du rivage,
Boire ces flots heureux où l'image a passé !

Mais quand Lilla, riant, se lève et suit sa mère,
Ce n'est plus qu'un peu d'eau dans un bassin obscur.
Je goûte en vain les flots du doigt ; l'onde est amère,
Et la vase et l'insecte en ternissent l'azur.

Eh bien ! Ce que tu fais pour ces flots, jeune fille,
Sur mon âme à jamais la beauté le produit :
Il y fait joie et jour tant que son oeil y brille ;
Dès que son oeil se voile, hélas ! Il y fait nuit.




Gethsémani ou la mort de Julia

Je fus dès la mamelle un homme de douleur ;
Mon coeur, au lieu de sang, ne roule que des larmes ;
ou plutôt de ces pleurs Dieu m'a ravi les charmes,
Il a pétrifié les larmes dans mon coeur.
L'amertume est mon miel, la tristesse est ma joie ;
Un instinct fraternel m'attache à tout cercueil ;
Nul chemin ne m'arrête, à moins que je n'y voie
Quelque ruine ou quelque deuil !

Si je vois des champs verts qu'un ciel pur entretienne,
De doux vallons s'ouvrant pour embrasser la mer,
Je passe, et je me dis avec un rire amer :
Place pour le bonheur, hélas ! Et non la mienne !
Mon esprit n'a d'écho qu'où l'on entend gémir ;
Partout où l'on pleura mon âme a sa patrie :
Une terre de cendre et de larmes pétrie
Est le lit où j'aime à dormir.

Demandez-vous pourquoi ? Je ne pourrais le dire :
De cet abîme amer je remûrais les flots,
Ma bouche pour parler n'aurait que des sanglots.
Mais déchirez ce coeur, si vous voulez y lire !
La mort dans chaque fibre a plongé le couteau ;
Ses battements ne sont que lentes agonies,
Il n'est plein que de morts comme des gémonies ;
Toute mon âme est un tombeau !

Or, quand je fus aux bords où le Christ voulut naître,
Je ne demandai pas les lieux sanctifiés
Où les pauvres jetaient les palmes sous ses piés,
Où le verbe à sa voix se faisait reconnaître,
Où l'Hosanna courait sur ses pas triomphants,
Où sa main, qu'arrosaient les pleurs des saintes femmes,
Essuyant de son front la sueur et les flammes,
Caressait les petits enfants :

Conduisez-moi, mon père, à la place où l'on pleure,
A ce jardin funèbre où l'homme de salut,
Abandonné du père et des hommes, voulut
Suer le sang et l'eau qu'on sue avant qu'on meure !
Laissez-moi seul, allez ; j'y veux sentir aussi
Ce qu'il tient de douleur dans une heure infinie :
Homme de désespoir, mon culte est l'agonie ;
Mon autel à moi, c'est ici !

Il est, au pied poudreux du jardin des olives,
Sous l'ombre des remparts d'où s'écroula Sion,
Un lieu d'où le soleil écarte tout rayon,
Où le Cédron tari filtre entre ses deux rives :
Josaphat en sépulcre y creuse ses coteaux ;
Au lieu d'herbe, la terre y germe des ruines,
Et des vieux troncs minés les traînantes racines
Fendent les pierres des tombeaux.

Là, s'ouvre entre deux rocs la grotte ténébreuse
Où l'homme de douleur vint savourer la mort,
Quand, réveillant trois fois l'amitié qui s'endort,
Il dit à ses amis : "Veillez ; l'heure est affreuse ! "
La lèvre, en frémissant, croit encore étancher
Sur le pavé sanglant les gouttes du calice,
Et la moite sueur du fatal sacrifice
Sue encore aux flancs du rocher.

Le front dans mes deux mains, je m'assis sur la pierre,
Pensant à ce qu'avait pensé ce front divin,
Et repassant en moi, de leur source à leur fin,
Ces larmes dont le cours a creusé ma carrière.
Je repris mes fardeaux et je les soulevai ;
Je comptai mes douleurs, mort à mort, vie à vie ;
Puis dans un songe enfin mon âme fut ravie.
Quel rêve, grand dieu, je rêvai !

J'avais laissé non loin, sous l'aile maternelle,
Ma fille, mon enfant, mon souci, mon trésor.
Son front à chaque été s'accomplissait encor ;
Mais son âme avait l'âge où le ciel les rappelle :
Son image de l'oeil ne pouvait s'effacer,
Partout à son rayon sa trace était suivie,
Et, sans se retourner pour me porter envie,
Nul père ne la vit passer.

C'était le seul débris de ma longue tempête,
Seul fruit de tant de fleurs, seul vestige d'amour,
Une larme au départ, un baiser au retour,
Pour mes foyers errants une éternelle fête ;
C'était sur ma fenêtre un rayon de soleil,
Un oiseau gazouillant qui buvait sur ma bouche,
Un souffle harmonieux la nuit près de ma couche,
Une caresse à mon réveil !

C'était plus : de ma mère, hélas ! C'était l'image ;
Son regard par ses yeux semblait me revenir,
Par elle mon passé renaissait avenir,
Mon bonheur n'avait fait que changer de visage ;
Sa voix était l'écho de dix ans de bonheur,
Son pas dans la maison remplissait l'air de charmes,
Son regard dans mes yeux faisait monter les larmes,
Son sourire éclairait mon coeur.

Son front se nuançait à ma moindre pensée,
Toujours son bel oeil bleu réfléchissait le mien ;
Je voyais mes soucis teindre et mouiller le sien,
Comme dans une eau claire une ombre est retracée,
Mais tout ce qui montait de son coeur était doux,
Et sa lèvre jamais n'avait un pli sévère
Qu'en joignant ses deux mains dans les mains de sa mère,
Pour prier Dieu sur ses genoux !

Je rêvais qu'en ces lieux je l'avais amenée,
Et que je la tenais belle sur mon genou,
L'un de mes bras portant ses pieds, l'autre son cou ;
Ma tête sur son front tendrement inclinée.
Ce front, se renversant sur le bras paternel,
Secouait l'air bruni de ses tresses soyeuses ;
Ses dents blanches brillaient sous ses lèvres rieuses,
Qu'entr'ouvrait leur rire éternel.

Pour me darder son coeur et pour puiser mon âme,
Toujours vers moi, toujours ses regards se levaient,
Et dans le doux rayon dont mes yeux la couvraient,
Dieu seul peut mesurer ce qu'il brillait de flamme.
Mes lèvres ne savaient d'amour où se poser ;
Elle les appelait comme un enfant qui joue,
Et les faisait flotter de sa bouche à sa joue,
Qu'elle dérobait au baiser !

Et je disais à Dieu, dans ce coeur qu'elle enivre :
" Mon dieu ! Tant que ces yeux luiront autour de moi,
Je n'aurai que des chants et des grâces pour toi :
Dans cette vie en fleurs c'est assez de revivre.
Va, donne-lui ma part de tes dons les plus doux,
Effeuille sous mes pas ses jours en espérance,
Prépare-lui sa couche, entr'ouvre-lui d'avance
Les bras enchaînés d'un époux ! "

Et, tout en m'enivrant de joie et de prière,
Mes regards et mon coeur ne s'apercevaient pas
Que ce front devenait plus pesant sur mon bras,
Que ses pieds me glaçaient les mains, comme la pierre.
" Julia ! Julia ! D'où vient que tu pâlis ?
Pourquoi ce front mouillé, cette couleur qui change ?
Parle-moi, souris-moi ! Pas de ces jeux, mon ange !
Rouvre-moi ces yeux où je lis ! "

Mais le bleu du trépas cernait sa lèvre rose,
Le sourire y mourait à peine commencé,
Son souffle raccourci devenait plus pressé,
Comme les battements d'une aile qui se pose.
L'oreille sur son coeur, j'attendais ses élans ;
Et quand le dernier souffle eut enlevé son âme,
Mon coeur mourut en moi comme un fruit que la femme
Porte mort et froid dans ses flancs !

Et sur mes bras roidis portant plus que ma vie,
Tel qu'un homme qui marche après le coup mortel,
Je me levai debout, je marchai vers l'autel,
Et j'étendis l'enfant sur la pierre attiédie,
Et ma lèvre à ses yeux fermés vint se coller ;
Et ce front déjà marbre était tout tiède encore,
Comme la place au nid d'où l'oiseau d'une aurore
Vient à peine de s'envoler !

Et je sentis ainsi, dans une heure éternelle,
Passer des mers d'angoisse et des siècles d'horreur,
Et la douleur combla la place où fut mon coeur ;
Et je dis à mon dieu : " mon Dieu, je n'avais qu'elle !
Tous mes amours s'étaient noyés dans cet amour ;
Elle avait remplacé ceux que la mort retranche ;
C'était l'unique fruit demeuré sur la branche
Après les vents d'un mauvais jour.

C'était le seul anneau de ma chaîne brisée,
Le seul coin pur et bleu dans tout mon horizon ;
Pour que son nom sonnât plus doux dans la maison,
D'un nom mélodieux nous l'avions baptisée.
C'était mon univers, mon mouvement, mon bruit,
La voix qui m'enchantait dans toutes mes demeures,
Le charme ou le souci de mes yeux, de mes heures ;
Mon matin, mon soir et ma nuit ;

Le miroir où mon coeur s'aimait dans son image,
Le plus pur de mes jours sur ce front arrêté,
Un rayon permanent de ma félicité,
Tous tes dons rassemblés, seigneur, sur un visage ;
Doux fardeau qu'à mon cou sa mère suspendait,
Yeux où brillaient mes yeux, âme à mon sein ravie,
Voix où vibrait ma voix, vie où vivait ma vie,
Ciel vivant qui me regardait.

Eh bien ! Prends, assouvis, implacable justice,
D'agonie et de mort ce besoin immortel ;
Moi-même je l'étends sur ton funèbre autel.
Si je l'ai tout vidé, brise enfin mon calice !
Ma fille, mon enfant, mon souffle ! La voilà !
La voilà ! J'ai coupé seulement ces deux tresses
Dont elle m'enchaînait hier dans ses caresses,
Et je n'ai gardé que cela ! "

Un sanglot m'étouffa, je m'éveillai. La pierre
Suintait sous mon corps d'une sueur de sang ;
Ma main froide glaçait mon front en y passant ;
L'horreur avait gelé deux pleurs sous ma paupière.
Je m'enfuis : l'aigle au nid est moins prompt à courir.
Des sanglots étouffés sortaient de ma demeure
L'amour seul suspendait pour moi sa dernière heure :
Elle m'attendait pour mourir !

Maintenant tout est mort dans ma maison aride,
Deux yeux toujours pleurant sont toujours devant moi ;
Je vais sans savoir où, j'attends sans savoir quoi ;
Mes bras s'ouvrent à rien, et se ferment à vide.
Tous mes jours et mes nuits sont de même couleur ;
La prière en mon sein avec l'espoir est morte.
Mais c'est Dieu qui t'écrase, ô mon âme ! sois forte,
Baise sa main sous la douleur !
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MessageSujet: Re: Autres poémes   Autres poémes Icon_minitimeMar 20 Nov - 22:56

Vers écrits à Balbek

Mystérieux déserts, dont les larges collines
Sont les os des cités dont le nom a péri ;
Vastes blocs qu'a roulés le torrent des ruines ;
Immense lit d'un peuple où la vague a tari ;
Temples qui, pour porter vos fondements de marbre,
Avez déraciné les grands monts comme un arbre ;
Gouffres où rouleraient des fleuves tout entiers ;
Colonnes où mon oeil cherche en vain des sentiers ;
De piliers et d'arceaux profondes avenues,
Où la lune s'égare ainsi qu'au sein des nues ;
Chapiteaux que mon oeil mêle en les regardant ;
Sur l'écorce du globe immenses caractères,
pour vous toucher du doigt, pour sonder vos mystères,
Un homme est venu d'occident !

La route, sur les flots, que sa nef a suivie
A déplié cent fois ses roulants horizons ;
Aux gouffres de l'abîme il a jeté sa vie ;
Ses pieds se sont usés sur les pointes des monts ;
Les soleils ont brûlé la toile de sa tente ;
Ses frères, ses amis ont séché dans l'attente ;
Et s'il revient jamais, son chien même incertain
Ne reconnaîtra plus ni sa voix ni sa main :
Il a laissé tomber et perdu dans la route
L'étoile de son oeil, l'enfant qui, sous sa voûte,
Répandait la lumière et l'immortalité :
Il mourra sans mémoire et sans postérité !
Et maintenant, assis sur la vaste ruine,
Il n'entend que le vent qui rend un son moqueur ;
Un poids courbe son front, écrase sa poitrine :
Plus de pensée et plus de coeur !
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MessageSujet: Re: Autres poémes   Autres poémes Icon_minitimeMar 20 Nov - 22:56

LE CLOWN.
( de Patricia Poupart )


Pour tous les éclats de rire,
Que tu as su recueillir,
Je voudrais te rendre hommage,
Car tu as atteint tous les âges.

Tu as maquillé ton visage,
Pour monter sur scène avec rage.
Tu n'as pas peur du ridicule,
Avec tes grands yeux d'hercule.

Tu as aspiré ta fleur,
Pour humer toute l'odeur,
Un jet d'eau en est sorti.
Devant nos yeux ébahis.

Tu sais aussi faire pleuvoir des joues,
Et arrêter de faire le fou.
Pour nous dire bonsoir,
Et terminer dans le noir.
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MessageSujet: Re: Autres poémes   Autres poémes Icon_minitimeMar 20 Nov - 22:57

La tristesse du Diable

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Silencieux, les poings aux dents, le dos ployé,
Enveloppé du noir manteau de ses deux ailes,
Sur un pic hérissé de neiges éternelles,
Une nuit s'arrêta l'antique foudroyé.

La terre prolongeait en bas, immense et sombre,
Les continents battus par la houle des mers;
Au-dessus flamboyait le ciel plein d'univers;
Mais Lui ne regardait que l'abîme de l'ombre.

Il était la dardant ses yeux ensanglantés,
Dans ce gouffre où la vie amasse ses tempêtes,
Ou le fourmillement des hommes et des bêtes
Pullule sous le vol des siècles irrités.

Il entendait monter les hosannas serviles,
Le cri des égorgeurs, les Te Deum des rois,
L'appel désespéré des nations en croix
Et des justes râlant sur le fumier des villes

Ce lugubre concert du mal universel,
Aussi vieux que le monde et que la race humaine,
Plus fort, plus acharné, plus ardent que sa haine,
Tourbillonnait autour du sinistre immortel.

Il remonta d'un bond vers les temps insondables
Où sa gloire allumait le céleste matin
Et, devant la stupide horreur de son destin
Un grand frisson courut dans ses reins formidables.

Et se tordant les bras, et crispant ses orteils,
Lui, le premier rêveur, la plus vieille victime,
Il cria par delà l'immensité sublime
Ou déferle en brûlant l'écume des soleils;

-Les monotones jours, comme une horrible pluie,
S'amassent, sans l'emplir, dans mon éternité;
Force, orgueil, désespoir, tout n'est que vanité;
Et la fureur me pèse, et le combat m'ennuie.

Presque autant que l'amour la haine m'a menti:
J'ai bu toute la mer des larmes infécondes.
Tombez, écrasez-moi, foudres, monceaux des mondes
Dans le sommeil sacré que je sois englouti!

Et les lâches heureux, et les races damnées,
Par l'espace éclatant qui n'a ni fond ni bord,
Entendront une Voix disant: Satan est mort!
Et ce sera ta fin, Oeuvre des six journées!-


Leconte De Lisle

La vision de Snorr
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MessageSujet: Re: Autres poémes   Autres poémes Icon_minitimeMar 20 Nov - 22:58

O mon Seigneur Christus! hors du monde charnel
Vous m'avez envoyé vers les neuf maisons noires; Je me suis enfoncé vers les antres de Hel.

Dans la nuit sans aurore où grincent les mâchoires,
Quand j'y songe, la peur aux entrailles me mord!
J'ai vu l'éternité des maux expiatoires.

Me voici revenu, tout blême, comme un mort.
Seigneur Dieu, prenez-moi, par grâce, en votre garde.
Et si je fais le mal, donnez-m'en le remords.

Le prince des Brasiers est là qui me regarde,
Vêtu de flamme bleue et rouge. Il est assis
Dans le palais infect qui suinte et se lézarde.

Il siège en la grand salle aux murs visqueux, noircis,
Où filtre goutte à goutte une bave qui fume,
Et d'où tombent des noeuds de reptiles moisis.

Au-dessus du malin sur qui pleut cette écume,
Tournoie avec un haut vacarme, un Dragon roux
Qui bat de l'envergure au travers de la brume.

En bas, gît le marais des Lâches, des Jaloux,
Des Hypocrites vils, des Fourbes, des Parjures.
Ils grouillent dans la boue et creusent des remous,

Ils geignent, bossués de pustules impures.
Serait-ce là, Seigneur, leur expiation,
D'être un vomissement en ce lieu de souillures?

Sur des quartiers de roc toujours en fusion,
Muets, sont accoudés les Sept convives mornes,
Les sept Diable royaux du vieux Septentrion.

Ainsi que les héros buvaient à pleines cornes
L'hydromel prodigué pour le festin guerrier,
Quand les Skaldes chantaient sur la Harpe des Nornes;

Les sept démons qu'enfin vous vîntes châtier,
En des cruches de plomb qui corrodent leur bouches,
Puisent des pleurs bouillants au fond d'un noir cuvier.

Auprès, les bras roidis, les yeux caves et louches,
Broyant d'épais cailloux sous des meules d'airain,
Tournent en haletant les trois Vierges farouches.

Leur coeur pend au dehors et saigne de chagrin,
Tant leurs labeurs sont durs et leurs peines ingrates;
Car nul ne peut manger la farine du grain.

Autour d'elles pourtant, courent à quatre pattes
Les Avares, aux reins de maigreur écorchés,
Tels que des loups tirant des langues écarlates.

Puis, sur des lits de pourpre ardente sont couchés,
Non plus ivres enfin de leurs voluptés vaines,
Les Languissants, au joug de la chair attachés.

Leurs fronts sont couronnés de flambantes verveines;
Mais, tandis que leur couche échauffe et cuit leurs flancs,
L'amer et froid dégoût coagule leurs veines.

Voici ceux qui tuaient, jadis, les Violents,
Les Féroces, blottis au creux de quelque gorge,
Qui, la nuit, guettaient l'homme et se ruaient hurlants.

Maintenant, l'un s'endort;l'autre en sursaut l'égorge.
Le misérable râle et le sang par jets prompts,
Sort, comme du tonneau le jus mousseux de l'orge.

Et ceux qui, sur l'autel où nous vous adorons,
Ont déchirés la nappe et bus dans vos calices
Et sur vos serviteurs fait pleuvoir les affronts,

Qui nous ont enterrés vivants, dans nos cilices,
Qui de la sainte étole ont serré notre cou,
Pour ceux-là Le Malin épuise les supplices.

Enfin, je vois le Peuple antique, aveugle et fou,
La race qui vécut avant votre lumière,
Seigneur! et qui marchait, hélas! sans savoir où.

Tels qu'un long tourbillon de vivante poussière,
Le même vent d'erreur les remuent au hasard,
Et le soleil du Diable éblouit leur paupière.

Or, vous nous avez fait, certes, la bonne part,
A nous qui gémissons sur cette terre inique;
Mais pour les anciens morts vous êtes venus tard!

Donc, chacun porte au front une lettre Runique
Qui change sa cervelle en un charbon fumant,
Car il n'a point connu la loi du fils unique!

Ainsi, gêne sur gêne et tourment sur tourment,
Carcans de braise, habits de feu, fourches de flammes,
Tout cela, tout cela dure éternellement.

Dans les antres de Hel, dans les cercles infâmes,
Voilà ce que j'ai vu par votre volonté,
O sanglant Rédempteur de nos mauvaises âmes!

Souvenez-vous de Snorr dans votre éternité!



Leconte De Lisle

Le dernier souvenir
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MessageSujet: Re: Autres poémes   Autres poémes Icon_minitimeMar 20 Nov - 22:58

J'ai vécu, je suis mort. -Les yeux ouverts, je coule
Dans l'incommensurable abîme, sans rien voir,
Lent comme une agonie et lourd comme une foule.

Inerte, blême, au fond d'un lugubre entonnoir
Je descends d'heure en heure et d'année en année,
A travers le Muet, l'Immobile, le Noir.

Je songe et ne sens plus. L'épreuve est terminée.
Qu-est-ce donc que la vie? Etais-je jeune ou vieux?
Soleil, Amour! - Rien, rien. Va chair abandonnée!

Tournoie, enfonce, va! le vide est dans tes yeux,
Et l'oubli s'épaissit et t'absorbe à mesure.
Si je rêvais! Non, non je suis bien mort. Tant mieux.

Mais ce spectre, ce cri, cette horrible blessure?
Cela dut m'arriver en des temps très anciens.
O nuit! Nuit du néant, prends-moi! -La chose est sure:

Quelqu'un m'a dévoré le coeur. Je me souviens.



Leconte De Lisle

Le soir d'une bataille
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MessageSujet: Re: Autres poémes   Autres poémes Icon_minitimeMar 20 Nov - 22:58

Tels que la haute mer contre les durs rivages,
A la grande tuerie ils se sont tous rués,
Ivres et haletants, par les boulets troués,
En d'épais tourbillons plein de clameurs sauvages.

Sous un large soleil d'été, de l'aube au soir,
Sans relâche, fauchant les blés, brisant les vignes,
Longs murs d'hommes, ils ont poussés leurs sombres lignes
Et là, par blocs entiers, ils se sont laissés choir.

Puis ils se sont liés en étreintes féroces,
Le souffle au souffle uni, l'oeil de haine chargé.
Le fer d'un sang fiévreux à l'aise s'est gorgé;
La cervelle a jailli sous la lourdeur des crosses.

Victorieux, vaincus, fantassins, cavaliers,
Les voici, maintenant, blêmes, muets farouches,
Les poings fermés serrant les dents, et les yeux louches,
Dans la mort furieuse étendus par milliers.

La pluie avec lenteur lavant leurs pâles faces,
Aux pentes du terrain fait murmurer ses eaux;
Et par la morne plaine ou tourne un vol d'oiseaux
Le ciel d'un soir sinistre estompe au loin leurs masses

Tous les cris se sont tus, les râles sont poussés
Sur le sol bossué de tant de chair humaine,
Aux dernières lueurs du jour on voit à peine
Se tordre vaguement des corps entrelacés;

Et là-bas, au milieu de ce massacre immense,
Dressant son cou roidi percé de coups de feu,
Un cheval jette au vent un rauque et triste adieu
Que la nuit fait courir à travers le silence.

O boucherie! o soif du meurtre! acharnement
Horrible! odeur des morts qui suffoquent et navres!
Soyez maudits devant ces cent mille cadavres
Et la stupide horreur de cet égorgement.

Mais, sous l'ardent soleil ou sur la plaine noire,
Si, heurtant de leur coeur la gueule du canon,
Ils sont morts, Liberté, ces braves, en ton nom,
Béni soit le sang pur qui fume vers ta gloire!


Leconte De Lisle

Les éléphants
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MessageSujet: Re: Autres poémes   Autres poémes Icon_minitimeMar 20 Nov - 22:59

Le sable rouge est comme une mer sans limite,
Et qui flambe, muette, affaissée en son lit.
Une ondulation immobile remplit
L'horizon aux vapeurs de cuivre où l'homme habite.

Nulle vie et nul bruit. Tous les lions repus
Dorment au fond de l'antre éloigné de cent lieues;
Et la girafe boit dans les fontaines bleues,
Là-bas, sous les dattiers des panthères connus.

Pas un oiseau ne passe en fouettant de son aile
L'air épais ou circule un immense soleil.
Parfois quelque boa, chauffé dans son sommeil,
Fait onduler son dos où l'écaille étincelle.

Tel l'espace enflammé brûlé sous les cieux clairs,
Mais, tandis que tout dort aux mornes solitudes,
Les éléphants rugueux, voyageurs lents et rudes,
Vont au pays natal à travers les déserts.

D'un point de l'horizon, comme des masses brunes,
Ils viennent, soulevant la poussière, et l'on voit,
Pour ne point dévier du chemin le plus droit,
Sous leur pied large et sur crouler au loin les dunes.

Celui qui tient la tête est un vieux chef. Son corps
Est gercé comme un tronc que le temps ronge et mine;
Sa tête est comme un roc et l'arc de son échine
Se voûte puissamment à ses moindres efforts.

Sans ralentir jamais et sans hâter sa marche,
Il guide au but certain ses compagnons poudreux
Et, creusant par derrière un sillon sablonneux,
Les pèlerins massifs suivent leur patriarche.

L'oreille en éventail, la trompe entre les dents,
Ils cheminent, l'oeil clos. Leur ventre bat et fume,
Et leur sueur dans l'air embrasé monte en brume,
Et bourdonnent autour mille insectes ardents.

Mais qu'importent la soif et la mouche vorace,
Et le soleil cuisant leur dos noir et plissé?
Ils rêvent en marchant du pays délaissé,
Des forêts de figuiers où s'abrita leur race.

Ils reverront le fleuve échappé des grands monts,
Ou nage en mugissant l'hippopotame énorme,
Où, blanchis par la lune et projetant leur forme,
Ils descendaient pour boire en écrasant les joncs.

Aussi, pleins de courage et de lenteur, ils passent
Comme une ligne noire, au sable illimité;
Et le désert reprend son immobilité
Quand les lourds voyageurs à l'horizon s'effacent.


Leconte De Lisle
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MessageSujet: Re: Autres poémes   Autres poémes Icon_minitimeMar 20 Nov - 22:59

Petits poèmes japonais. ( HAÏKU )...

Une fleur tombée remonte de sa branche
Non, c'est un papillon.
( Moritake )

Sous un voile de lune
Ombre de fleur
Ombre de femme.
( Sôseki Natsume. 1867-1916 )

Le serpent s'esquiva
Mais le regard qu'il me lança
Resta dans l'herbe.
( Kyishi )

Une herbe folle en fleurs
En entendant son nom
Je la vis d'une autre façon.
( Teiji )

Une grappe de raisin
Travail d'un homme
Plaisir d'un autre.
( Inconnu )

Je soutiens l'homme qui autrefois
Me portait dans ses bras.
( Inconnu )
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MessageSujet: Re: Autres poémes   Autres poémes Icon_minitimeMar 20 Nov - 23:00

INTIMES...

Je n'ai envie que de t'aimer
Un orage emplit la vallée
Un poisson la rivière

Je t'ai faite à la taille de ma solitude.

Le monde entier pour se cacher
Des jours des nuits pour se comprendre
Pour ne plus rien voir dans tes yeux

Ce que je pense de toi
C'est d'un monde à ton image
Et des jours et des nuits réglés par tes paupières.

( Paul Eluard. 1895-1952 )
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MessageSujet: Re: Autres poémes   Autres poémes Icon_minitimeMar 20 Nov - 23:00

Sur ce lit de roseaux puis-je dormir encore ? ...

Sur ce lit de roseaux puis-je dormir encore ?
Je sens l' air embaumé courir autour de toi ;
Ta bouche est une fleur dont le parfum dévore :
Approche, ô mon trésor, et ne brûle que moi.
Eveille, éveille-toi !

Mais ce souffle d' amour, ce baiser que j' envie,
Sur tes lèvres encor je n' ose le ravir ;
Accordé par ton coeur, il doublera ma vie.
Ton sommeil se prolonge, et tu me fais mourir :
Je n' ose le ravir.

Viens, sous les bananiers nous trouverons l' ombrage.
Les oiseaux vont chanter en voyant notre amour.
Le soleil est jaloux, il est sous un nuage,
Et c' est dans tes yeux seuls que je cherche le jour :
Viens éclairer l' amour.

Non, non, tu ne dors plus, tu partages ma flamme ;
Tes baisers sont le miel qui nous donnent les fleurs.
Ton coeur a soupiré, viens-tu chercher mon âme ?
Elle erre sur ma bouche et veut sécher tes pleurs.
Cache-moi sous des fleurs.

Marceline DESBORDES-VALMORE
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MessageSujet: Re: Autres poémes   Autres poémes Icon_minitimeMar 20 Nov - 23:00

Elle se penche sur moi...

Elle se penche sur moi
Le coeur ignorant
Pour voir si je l'aime

Elle a confiance elle oublie
Sous les nuages de ses paupières
Sa tête s'endort dans mes mains
Où sommes-nous

Ensemble, inséparables
Vivants vivants
Vivant vivante
Et ma tête roule en ses rêves

Paul Éluard (1895-1952)
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MessageSujet: Re: Autres poémes   Autres poémes Icon_minitimeMar 20 Nov - 23:00

A la belle impérieuse...

L'amour, panique de la raison,
Se communique par le frisson.

Laissez-moi dire, , n'accordez rien.
Si je soupire, chantez, c'est bien.

Si je demeure triste, à vos pieds,
Et si je pleure, c'est bien riez.

Un homme semble souvent trompeur
Mais si je tremble, belle, ayez peur.

( Victor Hugo. 1802-1885 )
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MessageSujet: Re: Autres poémes   Autres poémes Icon_minitimeMar 20 Nov - 23:01

La Pervenche

Pâle fleur, timide pervenche
Je sais la place où tu fleuris,
Au pied des monts, ton front se penche
Pour mieux charmer nos yeux épris !
C'est dans un sentier qui se cache
Sous ses deux bords de noisetiers
Où pleut, sur l'ombre qu'elle tache
La neige des blancs églantiers

Une source tout près palpite
Où s'abreuve le merle noir ;
Il y chante et moi je médite
Souvent de l'aube jusqu'au soir.
O fleur ! que tu en dis des choses
A mon amour, quand je reviens,
Quand tu me parles à lèvres closes,
Et que mon coeur écoute le tien...

( Alphonse de Lamartine.1790-1869 )
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MessageSujet: Re: Autres poémes   Autres poémes Icon_minitimeMar 20 Nov - 23:01

Aimer...

Aimer c'est un soleil dans la vie
Une étoile qui nous guide dans la nuit
Une mélodie sans bruit...


L'amour...

L'amour c'est comme une fleur
Qui réunis parfum et couleur
C'est ce qui fait brûler dans nos coeurs
Passion et douceur...

( D. Chekchak )
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MessageSujet: Re: Autres poémes   Autres poémes Icon_minitimeMar 20 Nov - 23:02

Il n'y a pas d'amour heureux

--------------------------------------------------------------------------------

Rien n'est jamais acquis à l'homme Ni sa force
Ni sa faiblesse ni son coeur Et quand il croit
Ouvrir ses bras son ombre est celle d'une croix
Et quand il croit serrer son bonheur il le broie
Sa vie est un étrange et douloureux divorce
Il n'y a pas d'amour heureux

Sa vie Elle ressemble à ces soldats sans armes
Qu'on avait habillés pour un autre destin
A quoi peut leur servir de se lever matin
Eux qu'on retrouve au soir désoeuvrés incertains
Dites ces mots Ma vie Et retenez vos larmes
Il n'y a pas d'amour heureux

Mon bel amour mon cher amour ma déchirure
Je te porte dans moi comme un oiseau blessé
Et ceux-là sans savoir nous regardent passer
Répétant après moi les mots que j'ai tressés
Et qui pour tes grands yeux tout aussitôt moururent
Il n'y a pas d'amour heureux

Le temps d'apprendre à vivre il est déjà trop tard
Que pleurent dans la nuit nos coeurs à l'unisson
Ce qu'il faut de malheur pour la moindre chanson
Ce qu'il faut de regrets pour payer un frisson
Ce qu'il faut de sanglots pour un air de guitare
Il n'y a pas d'amour heureux

Il n'y a pas d'amour qui ne soit à douleur
Il n'y a pas d'amour dont on ne soit meurtri
Il n'y a pas d'amour dont on ne soit flétri
Et pas plus que de toi l'amour de la patrie
Il n'y a pas d'amour qui ne vive de pleurs
Il n'y a pas d'amour heureux
Mais c'est notre amour à tous les deux


Louis Aragon (La Diane Francaise, Seghers 1946)
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MessageSujet: Re: Autres poémes   Autres poémes Icon_minitimeMar 20 Nov - 23:02

LES ROSES DE SAADI...

J'ai voulu ce matin te rapporter des roses ;
Mais j'en avais tant pris dans mes ceintures closes
Que les noeuds trop serrés n'ont pu les contenir.

Les noeuds ont éclaté. Les roses envolées
Dans le vent, à la mer s'en sont toutes allées,
Elles ont suivi l'eau pour ne plus revenir ;

La vague en a paru rouge et comme enflammée.
Ce soir, ma robe encore en est toute embaumée...
Respires-en sur moi l'odorant souvenir.

( Marceline Desbordes-Valmore...1786-1859 )
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MessageSujet: Re: Autres poémes   Autres poémes Icon_minitimeMar 20 Nov - 23:02

SOIR SUR LA TERRASSE...

Nous sommes seuls ; puisque tu m'aimes,
J'aurai peur si je vois tes yeux ;
Evitons la douceur suprême ;
Ne restons pas silencieux.

La terrasse est comme un navire ;
Qu'il fait chaud sur la mer ce soir ;
On meurt de soif et l'on respire
L'ombre noir du jardin noir.

Les aloès fleuris s'élancent ,
Ecarte de moi si tu peux
Tous ces parfums, tous ces silences,
Qui s'accumulent peu à peu ;

On entend rire sur la place,
Je sens, à tes yeux, que tu crois
Que ce sont des corps qui s'enlacent ;
Ce soir, tout est désir pour toi.

L'ôcre odeur des filets de pêche
Pénètre l'humble nuit qui dort.
Sur ma main pose ta main fraîche
Pour que je puisse vivre encore.

( Anna de Noailles. 1876-1933 )
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MessageSujet: Re: Autres poémes   Autres poémes Icon_minitimeMar 20 Nov - 23:04

Je te l'ai dit...

--------------------------------------------------------------------------------

Je te l'ai dit pour les nuages
Je te l'ai dit pour l'arbre de la mer
Pour chaque vague pour les oiseaux dans les feuilles
Pour les cailloux du bruit
Pour les mains familières
Pour l'oeil qui devient visage ou paysage
Et le sommeil lui rend le ciel de sa couleur
Pour toute la nuit bue
Pour la grille des routes
Pour la fenêtre ouverte pour un front découvert
Je te l'ai dit pour tes pensées pour tes paroles
Toute caresse toute confiance se survivent.


Paul Éluard

L'amoureuse

--------------------------------------------------------------------------------

Elle est debout sur mes paupières
Et ses cheveux sont dans les miens,
Elle a la forme de mes mains,
Elle a la couleur de mes yeux,
Elle s'engloutit dans mon ombre
Comme une pierre sur le ciel.

Elle a toujours les yeux ouverts
Et ne me laisse pas dormir.
Ses rêves en pleine lumière
Font s'évaporer les soleils,
Me font rire, pleurer et rire,
Parler sans avoir rien à dire.


Paul Éluard

Pour se prendre au piège

--------------------------------------------------------------------------------

C'est un restaurant comme les autres. Faut-il croire que je ne ressemble à personne ? Une grande femme, à côté de moi, bat des oeufs avec ses doigts. Un voyageur pose ses vêtements sur une table et me tient tête. Il a tort, je ne connais aucun mystère, je ne sais même pas la signification du mot : mystère, je n'ai jamais rien cherché, rien trouvé, il a tort d'insister.
L'orage qui, par instants, sort de la brume me tourne les yeux et les épaules. L'espace a alors des portes et de fenêtres. Le voyageur me déclare que je ne suis plus le même. Plus le même ! Je ramasse les débris de toutes mes merveilles. C'est la grande femme qui m'a dit que ce sont des débris de merveilles, ces débris. Je les jette aux ruisseaux vivaces et pleins d'oiseaux. La mer, la calme mer est entre eux comme le ciel dans la lumière. Les couleurs aussi, si l'on me parle des couleurs, je ne regarde plus. Parlez-moi des formes, j'ai grand besoin d'inquétude.
Grande femme, parle-moi des formes, ou bien je m'endors et je mène la grande vie, les mains prises dans la tête et la tête dans la bouche, dans la bouche bien close, langage intérieur.


Paul Éluard (Mourir de ne pas mourir)
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MessageSujet: Re: Autres poémes   Autres poémes Icon_minitimeMar 20 Nov - 23:05

La tristesse de la lune...

Ce soir, la lune rêve avec plus de paresse;
Ainsi qu'une beauté, sur de nombreux coussins,
Qui d'une main distraite et légère caresse
Avant de s'endormir le contour de ses seins,

Sur le dos satiné des molles avalanches,
Mourante, elle se livre aux longues pâmoisons,
Et promène ses yeux sur les visions blanches
Qui montent dans l'azur comme des floraisons.

Quand parfois sur ce globe, en sa langueur oisive,
Elle laisse filer une larme furtive,
Un poète pieux, ennemi du sommeil,

Dans le creux de sa main prend cette larme pâle,
Aux reflets irisés comme un fragment d'opale,
Et la met dans son cœur loin des yeux du sommeil.


( Charles Baudelaire )


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MessageSujet: Re: Autres poémes   Autres poémes Icon_minitimeMer 21 Nov - 13:42

Vers à danser

--------------------------------------------------------------------------------

Que ce soit dimanche ou lundi
Soir ou matin minuit midi
Dans l'enfer ou le paradis
Les amours aux amours ressemblent
C'était hier que je t'ai dit
Nous dormirons ensemble

C'était hier et c'est demain
Je n'ai plus que toi de chemin
J'ai mis mon coeur entre tes mains
Avec le tien comme il va l'amble
Tout ce qu'il a de temps humain
Nous dormirons ensemble

Mon amour ce qui fut sera
Le ciel est sur nous comme un drap
J'ai refermé sur toi mes bras
Et tant je t'aime que j'en tremble
Aussi longtemps que tu voudras
Nous dormirons ensemble


Louis Aragon (Le fou d'Elsa)
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MessageSujet: Re: Autres poémes   Autres poémes Icon_minitimeMer 21 Nov - 13:42

Plainte pour le quatrième centenaire d'un amour

--------------------------------------------------------------------------------

L'amour survit aux revers de nos armes
Linceul d'amour à minuit se découd
Les diamants naissent au fond des larmes
L'avril encore éclaire l'époque où
S'étend sur nous cette ombre aux pieds d'argile
Jeunesse peut rêver la corde au cou
Elle oublia Charles-Quint pour Virgile
Les temps troublés se ressemblent beaucoup
Abandonnant le casque et la cantine
Ces jeunes gens qui n'ont jamais souri
L'esprit jaloux des paroles latines
Qu'ont-ils appris qu'ils n'auront désappris
Ces deux enfants dans les buissons de France
Ressemblent l'Ange et la Vierge Marie
Il sait par coeur Tite-Live et Térence
Quand elle chante on dirait qu'elle prie
Je l'imagine Elle a les yeux noisette
Je les aurai pour moi bleus préférés
Mais ses cheveux sont roux comme vous êtes
O mes cheveux adorés et dorés
Je vois la Saône et le Rhône s'éprendre
Elle de lui comme eux deux séparés
Il la regarde et le soleil descendre
Elle a seize ans et n'a jamais pleuré
Les bras puissants de ces eaux qui se mêlent
C'est cet amour qu'ils ne connaissent pas
Qu'ils rêvaient tous deux Olivier comme Elle
Lui qu'un faux amour à Cahors trompa
Vêtu de noir comme aux temps d'aventure
Les paladins fiancés aux trépas
Ceux qui portaient à la table d'Arthur
Le deuil d'aimer sans refermer leurs bras
Quel étrange nom la Belle Cordière
Sa bouche est rouge et son corps enfantin
Elle était blanche ainsi que le matin
Lyon Lyon n'écoute pas la Saône
Trop de noyés sont assis au festin
Ah que ces eaux sont boueuses et jaunes
Comment pourrais-je y lire mon destin
Je chanterai cet amour de Loyse
Qui fut soldat comme Jeanne à seize ans
Dans ce décor qu'un regard dépayse
Qui défera ses cheveux alezan
Elle avait peur que la nuit fût trop claire
Elle avait peur que le vin fût grisant
Elle avait peur surtout de lui déplaire
Sur la colline où fuyaient les faisans
N'aimes tu pas le velours des mensonges
Il est des fleurs que l'on appelle pensées
J'en ai cueilli qui poussaient dans mes songes
J'en ai pour toi des couronnes tressé
Ils sont entrés dans la chapelle peinte
Et sacrilège il allait l'embrasser
La foudre éclate et brûle aux yeux la sainte
Le toit se fend les murs sont renversés
Ce coup du ciel à jamais les sépare
Rien ne refleurira ces murs noircis
Et dans nos coeurs percés de part en part
Qui sarclera les fleurs de la merci
Ces fleurs couleurs de Saône au coeur de l'homme
Ce sont les fleurs qu'on appelle soucis
Olivier de Magny se rend à Rome
Et Loyse Labé demeure ici
Quatre cents ans les amants attendirent
Comme pêcheurs à prendre le poisson
Quatre cents ans et je reviens leur dire
Rien n'est changé ni nos coeurs ne le sont
C'est toujours l'ombre et toujours la mal'heure
Sur les chemins déserts où nous passons
France et l'Amour les mêmes larmes pleurent
Rien ne finit jamais par des chansons


Louis Aragon
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MessageSujet: Re: Autres poémes   Autres poémes Icon_minitimeMer 21 Nov - 13:43

Est-ce ainsi que les hommes vivent (adaptation de Léo Ferré)

--------------------------------------------------------------------------------

Tout est affaire de décor
Changer de lit changer de corps
À quoi bon puisque c'est encore
Moi qui moi-même me trahis
Moi qui me traîne et m'éparpille
Et mon ombre se déshabille
Dans les bras semblables des filles
Où j'ai cru trouver un pays.

Coeur léger coeur changeant coeur lourd
Le temps de rêver est bien court
Que faut-il faire de mes jours
Que faut-il faire de mes nuits
Je n'avais amour ni demeure
Nulle part où je vive ou meure
Je passais comme la rumeur
Je m'endormais comme le bruit.

C'était un temps déraisonnable
On avait mis les morts à table
On faisait des châteaux de sable
On prenait les loups pour des chiens
Tout changeait de pôle et d'épaule
La pièce était-elle ou non drôle
Moi si j'y tenais mal mon rôle
C'était de n'y comprendre rien

Est-ce ainsi que les hommes vivent
Et leurs baisers au loin les suivent

Dans le quartier Hohenzollern
Entre La Sarre et les casernes
Comme les fleurs de la luzerne
Fleurissaient les seins de Lola
Elle avait un coeur d'hirondelle
Sur le canapé du bordel
Je venais m'allonger près d'elle
Dans les hoquets du pianola.

Le ciel était gris de nuages
Il y volait des oies sauvages
Qui criaient la mort au passage
Au-dessus des maisons des quais
Je les voyais par la fenêtre
Leur chant triste entrait dans mon être
Et je croyais y reconnaître
Du Rainer Maria Rilke.

Est-ce ainsi que les hommes vivent
Et leurs baisers au loin les suivent.

Elle était brune elle était blanche
Ses cheveux tombaient sur ses hanches
Et la semaine et le dimanche
Elle ouvrait à tous ses bras nus
Elle avait des yeux de faïence
Elle travaillait avec vaillance
Pour un artilleur de Mayence
Qui n'en est jamais revenu.

Il est d'autres soldats en ville
Et la nuit montent les civils
Remets du rimmel à tes cils
Lola qui t'en iras bientôt
Encore un verre de liqueur
Ce fut en avril à cinq heures
Au petit jour que dans ton coeur
Un dragon plongea son couteau

Est-ce ainsi que les hommes vivent
Et leurs baisers au loin les suivent.


Louis Aragon, (interprétation de Léo Ferré)
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MessageSujet: Re: Autres poémes   Autres poémes Icon_minitimeMer 21 Nov - 13:43

J'arrive où je suis étranger

--------------------------------------------------------------------------------

Rien n'est précaire comme vivre
Rien comme être n'est passager
C'est un peu fondre comme le givre
Et pour le vent être léger
J'arrive où je suis étranger

Un jour tu passes la frontière
D'où viens-tu mais où vas-tu donc
Demain qu'importe et qu'importe hier
Le coeur change avec le chardon
Tout est sans rime ni pardon

Passe ton doigt là sur ta tempe
Touche l'enfance de tes yeux
Mieux vaut laisser basses les lampes
La nuit plus longtemps nous va mieux
C'est le grand jour qui se fait vieux

Les arbres sont beaux en automne
Mais l'enfant qu'est-il devenu
Je me regarde et je m'étonne
De ce voyageur inconnu
De son visage et ses pieds nus

Peu a peu tu te fais silence
Mais pas assez vite pourtant
Pour ne sentir ta dissemblance
Et sur le toi-même d'antan
Tomber la poussière du temps

C'est long vieillir au bout du compte
Le sable en fuit entre nos doigts
C'est comme une eau froide qui monte
C'est comme une honte qui croît
Un cuir à crier qu'on corroie

C'est long d'être un homme une chose
C'est long de renoncer à tout
Et sens-tu les métamorphoses
Qui se font au-dedans de nous
Lentement plier nos genoux

O mer amère ô mer profonde
Quelle est l'heure de tes marées
Combien faut-il d'années-secondes
A l'homme pour l'homme abjurer
Pourquoi pourquoi ces simagrées

Rien n'est précaire comme vivre
Rien comme être n'est passager
C'est un peu fondre comme le givre
Et pour le vent être léger
J'arrive où je suis étranger


Louis Aragon
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MessageSujet: Re: Autres poémes   Autres poémes Icon_minitimeMer 21 Nov - 13:44

LES REGRETS - Heureux qui comme Ulysse

--------------------------------------------------------------------------------

Heureux qui, comme Ulysse, a fait un beau voyage
Ou comme celui-là qui conquit la Toison,
Et puis est retourné plein d'usage et raison,
Vivre entre ses parents le reste de son âge!

Quand reverrai-je, hélas, de mon petit village
Fumer la cheminée, et en quelle saison
Reverrai-je le clos de ma pauvre maison,
Qui m'est une province et beaucoup davantage?

Plus me plaît le séjour qu'ont bâti mes aïeux,
Que des palais romains le front audacieux,
Plus que le marbre dur me plaît l'ardoise fine.

Plus mon Loire gaulois que le Tibre latin,
Plus mon petit Liré que le mont Palatin,
Et plus que l'air marin la douceur angevine.


Joachim du Bellay (1522-1560)
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MessageSujet: Re: Autres poémes   Autres poémes Icon_minitimeMer 21 Nov - 13:45

La Ballade des pendus

--------------------------------------------------------------------------------

Frères humains qui après nous vivez
N'ayez les coeurs contre nous endurciz,
Car, ce pitié de nous pauvres avez,
Dieu en aura plus tost de vous merciz.
Vous nous voyez ci, attachés cinq, six
Quant de la chair, que trop avons nourrie,
Elle est piéca devorée et pourrie,
Et nous les os, devenons cendre et pouldre.
De nostre mal personne ne s'en rie:
Mais priez Dieu que tous nous veuille absouldre!

Se frères vous clamons, pas n'en devez
Avoir desdain, quoy que fusmes occiz
Par justice. Toutefois, vous savez
Que tous hommes n'ont pas le sens rassiz;
Excusez nous, puis que sommes transsis,
Envers le filz de la Vierge Marie,
Que sa grâce ne soit pour nous tarie,
Nous préservant de l'infernale fouldre
Nous sommes mors, ame ne nous harie;
Mais priez Dieu que tous nous vueille absouldre!

La pluye nous a débuez et lavez,
Et le soleil desséchez et noirciz:
Pies, corbeaulx nous ont les yeulx cavez
Et arraché la barbe et les sourciz.
Jamais nul temps nous ne sommes assis;
Puis ca, puis là, comme le vent varie,
A son plaisir sans cesser nous charie,
Plus becquetez d'oiseaulx que dez à couldre.
Ne soyez donc de nostre confrarie;
Mais priez Dieu que tous nous vueille absouldre!

Prince Jhésus, qui sur tous a maistrie,
Garde qu'Enfer n'ait de nous seigneurie:
A luy n'avons que faire ne que souldre.
Hommes, icy n'a point de mocquerie;
Mais priez Dieu que tous nous vueille absouldre!


François Villon
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MessageSujet: Re: Autres poémes   Autres poémes Icon_minitimeMer 21 Nov - 13:45




A Mademoiselle

Oui, femme, quoi qu'on puisse dire
Vous avez le fatal pouvoir
De nous jeter par un sourire
Dans l'ivresse ou le désespoir.

Oui, deux mots, le silence même,
Un regard distrait ou moqueur,
Peuvent donner à qui vous aime
Un coup de poignard dans le coeur.

Oui, votre orgueil doit être immense,
Car, grâce a notre lâcheté,
Rien n'égale votre puissance,
Sinon, votre fragilité.

Mais toute puissance sur terre
Meurt quand l'abus en est trop grand,
Et qui sait souffrir et se taire
S'éloigne de vous en pleurant.

Quel que soit le mal qu'il endure,
Son triste sort est le plus beau.
J'aime encore mieux notre torture
Que votre métier de bourreau.


Alfred de Musset

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MessageSujet: Re: Autres poémes   Autres poémes Icon_minitimeMer 21 Nov - 13:45

Paul Verlaine

------------------------------------------------------------------------------------

Si tu le veux bien, divine Ignorante,
Je ferai celui qui ne sait plus rien
Que te caresser d'une main errante,
En le geste expert du pire vaurien,

Si tu le veux bien, divine Ignorante.

Soyons scandaleux sans plus nous gêner
Qu'un cerf et sa biche ès bois authentiques.
La honte, envoyons-la se promener.
Même exagérons et, sinon cyniques,

Soyons scandaleux sans plus nous gêner.

Surtout ne parlons pas littérature.
Au diable lecteurs, auteurs, éditeurs
Surtout ! Livrons-nous à notre nature
Dans l'oubli charmant de toutes pudeurs,

Et, ô ! ne parlons pas littérature.

Jouir et dormir ce sera, veux-tu ?
Notre fonction première et dernière,
Notre seule et notre double vertu,
Conscience unique, unique lumière,

Jouir et dormir, m'amante, veux-tu ?
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MessageSujet: Re: Autres poémes   Autres poémes Icon_minitimeMer 21 Nov - 13:46



L'homme et la mer



Homme libre, toujours tu chériras la mer!
La mer est ton miroir, tu contemples ton âme
Dans le déroulement infini de sa lame
Et ton esprit n'est pas un gouffre moins amer.

Tu te plais a plonger au sein de ton image;
Tu l'embrasses des yeux et des bras, et ton coeur
Se distrait quelquefois de sa propre rumeur
Au bruit de cette plainte indomptable et sauvage.

Vous êtes tous les deux ténébreux et discrets;
Homme, nul n'a sondé le fond de tes abîmes;
O mer, nul ne connaît tes richesses intimes,
Tant vous êtes jaloux de garder vos secrets!

Et cependant voilà des siècles innombrables
Que vous vous combattez sans pitié ni remords,
Tellement vous aimez le et la mort,
O lutteurs éternels, O frères implacables!


Charles Baudelaire


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MessageSujet: Re: Autres poémes   Autres poémes Icon_minitimeMer 21 Nov - 13:46

Ballade et Pastourelle

--------------------------------------------------------------------------------


Aube



Quand Rossignol en amour
Chante la nuit et le jour,
Suis avec ma belle amie,
Sous la fleur,
Et le guetteur de la tour,
S'écrie : Amants, levez vous,
Voici l'Aube et le jour clair !


Pastourelle



Par amour je suis gai,
Et tant que je vivrai,
Ne me dédirai,
Dame Joli-Corps

Me levai un beau matin,
A pointe d'aubette,
Je m'en fus dans un verger
Cueillir la violette.
De loin j'entendis
Un chant bien plaisant,
Trouvai jolie pastourelle
Ses agneaux gardant.

Dieu vous garde, pastourelle,
Couleur de rosette,
De vous je m'étonne fort
Que vous soyez seullette.
Habits vous aurez,
Si cela vous plaît,
Bien menu lacé
A filets d'argent.

Seriez vous fol, chevalier,
Plein d'extravagance
Car vous m'avez demandé
Ce dont je n'ai cure,
Père et mère j'ai
Et mari j'aurai,
Et si à Dieu plaît,
M'honoreront bien.

Adieu, adieu, chevalier,
Mon père m'appelle,
Je le vois là qui laboure
A bouefs sur l'artigue,
Nous esmons blé,
Aurons grand' récolte,
Et si acceptez,
Froment vous aurez.

Mais quand il la vit aller,
Courut après elle,
La prit par sa blanche main,
La coucha dans l'herbe,
Trois fois la baisa
Sans qu'elle dît mot,
Mais quand vint la quatrième :
"Seigneur, à vous je me rends !"


Troubadours anonymes
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MessageSujet: Re: Autres poémes   Autres poémes Icon_minitimeMer 21 Nov - 13:47





Correspondances

La nature est un temple où de vivants piliers
Laissent parfois sortir de confuses paroles;
L'homme y passe à travers des forêts de symboles
Qui l'observent avec des regards familiers.

Comme des longs échos qui de loin se confondent
Dans une ténébreuse et profonde unité,
Vaste comme la nuit et comme la clarté,
Les parfums, les couleurs et les sons se répondent.

Il est des parfums frais comme des chairs d'enfants,
Doux comme des hautbois, verts comme des prairies,
-Et d'autres corrompus, riches et triomphants,

Ayant l'expansion des choses infinies,
Comme l'ambre, le musc, le benjoin et l'encens,
Qui chantent les transports de l'esprit et des sens.


Charles Baudelaire
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MessageSujet: Re: Autres poémes   Autres poémes Icon_minitimeMer 21 Nov - 13:47



Nuit rhénane

Mon verre est plein d'un vin trembleur comme une flamme
Écoutez la chanson lente d'un batelier
Qui raconte avoir vu sous la lune sept femmes
Tordre leurs cheveux verts et longs jusqu'à leurs pieds

Debout chantez plus haut en dansant une ronde
Que je n'entende plus le chant du batelier
Et mettez près de moi toutes les filles blondes
Au regard immobile aux nattes repliées

Le Rhin le Rhin est ivre où les vignes se mirent
Tout l'or des nuits tombe en tremblant s'y refléter
La voix chante toujours à en râle-mourir
Ces fées aux cheveux verts qui incantent l'été

Mon verre s'est brisé comme un éclat de rire

Guillaume Apollinaire



Dernière édition par le Ven 23 Nov - 21:52, édité 1 fois
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MessageSujet: Re: Autres poémes   Autres poémes Icon_minitimeMer 21 Nov - 13:47





Simples Voeux Rustiques

A vous troupe légère
Qui d'aile passagère
Par le monde volez,
Et d'un sifflant murmure
L'ombrageuse verdure
Doucement ébranlez,
J'offre ces violettes,
Ces lys et ces fleurettes,
Et ces roses ici,
Ces vermeillettes roses
Tout fraîchement écloses
Et ces oeillets aussi.
De votre douce haleine
Eventez cette plaine,
Eventez ce séjour
Cependant que j'ahanne
A mon blé que je vanne
A la chaleur du jour."


Joachim du Bellay (1525 - vers 1560)
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MessageSujet: Re: Autres poémes   Autres poémes Icon_minitimeVen 23 Nov - 21:53

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MessageSujet: Re: Autres poémes   Autres poémes Icon_minitimeMer 28 Nov - 5:46




Tristesse



J'ai perdu ma force et ma vie,
Et mes amis et ma gaieté;
J'ai perdu jusqu'à la fierté
Qui faisait croire à mon génie.

Quand j'ai connu la vérité, j'ai cru que c'était une amie;
Quand je l'ai comprise et sentie,
J'en ai été dégoûté.

Et pourtant elle est éternelle,
Et ceux qui se sont passés d'elle
Ici bas ont tout ignoré.

Dieu parle, il faut qu'on lui réponde.
Le seul bien qui me reste au monde
Est d'avoir quelques fois pleuré.


Alfred de Musset

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MessageSujet: Re: Autres poémes   Autres poémes Icon_minitimeJeu 29 Nov - 16:33



Ballade Des Dames Du Temps Jadis



Dites-moi où, n'en quel pays,
Est Flora la belle Romaine,
Archipiades, ni Thaïs,
Qui fut sa cousine germaine,
Écho parlant quand bruit on mène
Dessus rivière ou sur étang,
Qui beauté eut trop plus qu'humaine
Mais où sont les neiges d'antan?

Où est la très sage Héloïs,
Pour qui fut châtré et puis moine
Pierre Abelard à Saint-Denis?
Pour son amour eut cette essoine.
Semblablement, où est la reine
Qui commanda que Buridan
Fut jeté en un sac en Seine?
Mais où sont les neiges d'antan?

La reine Blanche comme lis
Qui chantait à voix de sirène,
Berthe au grand pied, Bietris, Alis,
Haremburgis qui tint le Maine,
Et Jeanne la bonne Lorraine
Qu'Anglais brûlèrent à Rouen;
Où sont-ils, où, Vierge souveraine?
Mais où sont les neiges d'antan?

Prince, n'enquerrez de semaine
Où elles sont, ni de cet an,
Qu'à ce refrain ne vous remaine:
Mais où sont les neiges d'antan?


François Villon
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MessageSujet: Re: Autres poémes   Autres poémes Icon_minitimeVen 30 Nov - 14:22



L'amoureuse


Elle est debout sur mes paupières
Et ses cheveux sont dans les miens,
Elle a la forme de mes mains,
Elle a la couleur de mes yeux,
Elle s'engloutit dans mon ombre
Comme une pierre sur le ciel.

Elle a toujours les yeux ouverts
Et ne me laisse pas dormir.
Ses rêves en pleine lumière
Font s'évaporer les soleils,
Me font rire, pleurer et rire,
Parler sans avoir rien à dire.


Paul Éluard
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